Jean Claude Delagneau (Compagnie l’Ecrevisse Bleue – Auxerre)
Décor, Photos, Affiche : Gilles Puech
Jeu : Olivier Dureuil & Philippe Levôtre
A-C-I-T Toucy
Ville d’Auxerre
Avec l’aide de l’Yonne en ScèneNos remerciements au Théâtre du Fémur
L’équipe de Coeur de Cible :
Journaliste-Auteur
Il a déjà écrit deux autres pièces :
- « Paris Nulle Part », une comédie – odyssée à la gloire de la 2CV Citroën.
- « Trente-Six », un tendre hommage aux congés payés.et un téléfilm, « La Mort du Rempailleur », pour le prix Genève-Europe.
Peintre-Sculpteur-Metteur en scène-Scénographe
Il a des dizaines de mises en scène à son actif. Suite à la création de « La Traversée de l’Empire » sa démarche artistique est entrée en collision-fusion avec un auteur, ARRABAL qui a écrit pour lui « Comme un Lis entre les épines » présenté au Théâtre du Chêne Noir d’Avignon à l’occasion du festival Off 1998.
Il assure depuis plusieurs années des cours d’art dramatique au Théâtre d’Auxerre qui lui confie également ses créations.
Comédien
Diplômé du Conservatoire National d’Art dramatique de Dijon.
Comédien
Formation théâtrale au Centre d’Art Dramatique Régional de Dijon (TNDB).
L’intrigue
Philippe Levôtre, comédien dijonnais fut l’un des otages utilisés comme « bouclier humain » en 1990 sur les sites stratégiques irakiens juste avant que débute la première guerre du Golfe. De ses trois mois de captivité il a ramené un journal de bord où apparaissent les conditions réelles de sa détention et son regard sans concession sur la façon dont lui et ses co-détenus affrontent la situation. C’est de ce journal et d’une thèse en sociologie écrite par la suite sur le groupe d’otages que Philippe Thuru a tiré « Coeur de Cible », en expurgeant les informations qui dateraient et localiseraient trop la pièce. Bien qu’écrivant une fiction à partir de l’histoire réelle, l’auteur a tenté de ne pas trahir les émotions et les sentiments que l’otage avait retranscrits dans son journal.
P. Levôtre joue ici sa propre aventure complètement transformée par la plume de l’auteur. Otage, il souffre de sentir sa vie lui échapper et passer sous le contrôle de ses ravisseurs. Libéré, elle lui échappe encore, plus sournoisement cette fois : ses traumatismes l’accablent, les choses et les êtres idéalisés dans la détresse de son emprisonnement le déçoivent, un lourd manque affectif le ronge…
Face à lui, Olivier Dureuil incarne sept personnages -entre fiction et réalité- qui ont jalonné sa détention et sa libération.
Une pièce tout public (à partir de dix ans) qui aborde le thème délicat du point de jonction entre la captivité et la liberté, lorsque l’homme n’est plus otage mais qu’il n’est pas encore tout à fait libre non plus.
« Coeur de Cible » a été créé à Aix en Othe les 17 et 18 août 1998 pour le huitième Festival en Othe & en Armance, dans le cadre d’un accueil en résidence offert par la ville d’Auxerre.
Genèse
LES VIEUX FANTÔMES & LA CAGE DES MOTS…
Difficile d’expliquer comment et surtout pourquoi une expérience personnelle traumatisante et précautionneusement enfouie dans ma mémoire a dû et pu être exhumée pour se transformer en œuvre théâtrale…
La gestation a duré presque sept ans pendant lesquels je repoussais le moment de sauter le pas en m’invoquant des raisons toutes plus mauvaises les unes que les autres et parmi lesquelles le manque de temps tenait une place de choix. Et puis il a bien fallu se rendre à l’évidence : j’étais trop impliqué personnellement et surtout émotionnellement pour pouvoir accomplir moi-même la métamorphose littéraire, pour me replonger dans un journal de bord que la crainte et la répugnance m’empêchait tout simplement de relire ; et pourtant IL FALLAIT que cela soit fait.
Alors ça a démarré comme par hasard, comme un coup du destin, sous la forme d’une boutade, ou d’un défi que je lançais à Philippe Thuru « Si ça t’intéresse, j’ai un sujet… » Et il s’est embarqué dans l’aventure avec un carton de coupures de presse, des K7 vidéo, mon journal, une thèse en sociologie écrite sur notre expérience en Irak, des correspondances… Et pour sûr que le journaliste-dramaturge Thuru a été intéressé : il tenait à la fois le côté archi-médiatisé qu’il avait « couvert » à l’Yonne Républicaine et découvrait l’envers du décor que nous, les « boucliers humains », avions vécu pendant la détention et à notre retour. Alors il s’y est plongé à corps perdu, et il a écrit…
Seulement c’est là qu’intervient le troisième larron, le censeur bienveillant, le sage-homme de la maïeutique ; celui qui gardait la tête froide car il était complètement étranger à l’histoire et recevait la pièce avec les yeux froids du futur metteur en scène : Jean-Claude Delagneau. Lui, avait suffisamment de recul pour percevoir le côté trop anecdotique, trop personnel, trop éloigné de l’universalité qui jaillissait de la plume de Philippe Thuru, plongé dans mes propres souvenirs qui l’engluaient. Et il s’est montré impitoyable : Philippe a réécrit une, deux, six versions de « Coeur de cible », six accouchements. Le trio s’écrivait (les lettres étaient parfois plus longues que la pièce !), se téléphonait et la chose germait, prenait forme. Moi qui avait initié le projet, je l’ai vu qui se dissociait de moi et j’ai dû, témoin (presque) impuissant (encore !) accepter d’être dépossédé d’une grande partie de mon histoire, de la voir s’éloigner de moi pour qu’une fiction dramatique prenne sa place et que la pièce voie enfin le jour.
Cela était sage : une transposition était évidemment nécessaire. Reste à savoir si les vieux fantômes sont définitivement enfermés dans la cage des mots…